No -46- Les larmes du soleil. VD
Les Larmes du Soleil ont coulé
sur l'Oubangui-Chari
le berceau de mon enfance, la terre de maman Pauline..
et ça m'a fait mal!
Par ces quelques lignes, sans prétention aucune, je voudrais vous livrer à vous
*AMIS DE PAULINE*
mes états d'âme, petites pensées teintées de dérision, arme de papier, certes...
mais qui au bout du compte, je l'espère, vous conduiront à réaffirmer
cet élan de générosité dont vous avez jusqu'ici fait preuve, tout au long de ces projets:
* CENTRE PAULINE - MAISON DE LA FEMME - &
LA PETITE FERME DE PAULINE *
Sachez que malgré la tourmente, vos donations n'ont pas été perdues...
Nos structures ont été préservées.
Nous repartirons bientôt en direction du Centre Pauline, forts de votre confiance
aujourd'hui déjà renouvelée, afin de poursuivre dans l'urgence,
une aide au développement de l'élevage volailler de la
*PETITE FERME DE PAULINE *
Soyons pragmatique!...
Nos mamans et leurs enfants auront besoin de manger.
***
La seule chose nécessaire au triomphe du mal,
c'est l'inaction des gens de bien. (Edmund Burke)
Confortablement calé dans mon fauteuil, pipe et cigares à portée de main,
je m'offre une soirée télé/ciné à la maison, devant "Les Larmes du Soleil"
***
Fin du film...
Comme il convient aujourd'hui, pour paraitre IN... "ça l'fait!..."
Sur mon tout nouveau grand écran plat, son et rendu des effets spéciaux:
TROP TOP!
Synopsis ou Pitch comme ils disent:
Sur fond d'exactions rebelles suite à un coup d'état au Nigéria...
Un charismatique combattant US Marines, (Bruce Willis)
désobeit aux ordres de sa hiérarchie, afin de sauver des civils,
pourchassés par une horde de rebelles sanguinaires.
Ses fidèles compagnons d'arme seront héroïques, sublimes...
jusqu'au sacrifice de leur vie, pour beaucoup.
Et que dire de la prestation de la divine Monica Belluci,
en medecin humanitaire engagée...
Il était vraiment moins une, qu'ils ne soient tous massacrés...
quand surgit la "cavalerie" américaine... heu, pardon... l'aviation américaine,
et les vilains méchants sont dégommés... Carbonisés par les flammes de l'enfer,
tombées des zincs super-sonniques.
Happy-End, mélo en diable.
Hommes, femmes et enfants africains, rescapés du massacre génocidaire
programmé par les rebelles, tombent en larmes dans les bras des uns,
des unes, des autres... Emotion garantie!
Et, tandis que défile le générique et que je reste scotché, n'osant zapper
sur une autre chaine,
captivé que je suis encore par l'envol d'un chant africain qui l'accompagne...
« Mama Africa. » orchestration léchée de Hans Zimmer...
cette citation d'Edmund Burke, incrustée dans le déroulé du casting,
imprime à jamais mon esprit:
« La seule chose nécéssaire au triomphe du mal
est l’inaction des gens de bien! »
Ce mec Edmund Burke, inconnu au bataillon!...
Il faut reconnaître que ma culture livresque est assez limitée...
Dans ma jeunesse aujourd'hui un peu lointaine, principalement les polars
de San Antonio, alias Frédérique Dard, agrémentaient mes farnientes
sur les matelas de plage de mes vacances...
Alors pour plus d'infos, avant que de coucher sur la page mes élucubrations,
je rentre son nom et la citation dans le moteur de recherche de google, et...
Bingo, ça marche! Le monsieur est irlandais et philosophe...
À la lecture survolée de quelques lignes, insuffisante
pour cause de paresse intellectuelle,
et donc peu succeptible de me convaincre d'adhérer ou non à son idéologie,
je lui découvre une autre citation qui m'interpelle une fois de plus:
« Un Etat qui n'a pas les moyens d'effectuer des changements
n'a pas les moyens de se maintenir »
Aïe- aïe, ou-you-youïe!... Hé bien les frangins, (aita ti mbi)
va y avoir du pain sur la planche!
Le lendemain matin, je me précipite chez mon disquaire
et passe commande de l'album musical du film.
***
Pendant des mois et des mois, le titre « Mama Africa » résonnera dans ma voiture
en marche comme à l'arrêt.
Quand un jour enfin, un "gentil mauvais coucheur"
de mes relations m’interpellera en ces termes:
« Dis donc Georges, ça ne t'ennuie pas de casser les oreilles
à tout le monde, avec ta musique!... »
Alors seulement, je comprendrai, que
tout le monde n'était pas sensé partager mon enthousiasme.
(Mais il semble aujourd'hui au vu des infos que nous recevons de ci de là,
que des oreilles commencent à entendre les cris et les prières.)
***
Profanation!
Oui, les LARMES DU SOLEIL ont bien jailli
des yeux parfois définitivement clos,
mêlée du sang des ventres souillés des femmes... puis ouverts au couteau.
Elles ont inondé la terre de l'Oubangui, la terre de maman Pauline!
***
Mais comme le chantait le prêtre saltimbanque Aimée DUVAL,
"la calotte chantante" ainsi aimablement surnommé par Georges Brassens:
*Mais pour une larme tombée
sur sa tombe il poussent mille fleurs*
Oui, l'herbe repoussera!
***
Et si nous n'étions que des insectes nous aussi?
Novembre 2012 à Bangui... une nuit ordinaire...
Il y a bientôt 2 mois que nous sommes revenus sur le chantier du
Centre Pauline
Assis sur le perron de notre appartement de location, je tente d'apprivoiser
une fraicheur "toute relative", aidé en cela par une bouteille
en plastique d'eau congelée.
Demeure sise avenue des manguiers, dans une grande propriété
au luxe anachronique eu égard
aux cases typiques des quartiers populaires de Bangui,
et acquise auprès d'une cousine résidant en France,
pour une mensualité "étudiée"...
Dévorée à hauteur de ses chevilles nues, Marie-Noëlle déserte la position,
pour se réfugier dans la chambre, pourvue de grilles anti-moustiques,
mais non hélas...
à l'abri de la chaleur moite, annonciatrice de la saison sèche...
La climatisation promise faisant purement et simplement
office de décoration.
Resté seul, un coup de vaporisation insecticide, repousse momentanément
les assauts des piqueurs volants, me permettant de prolonger
ma rêverie sur fond de ciel nocturne d'Afrique.
***
Les chants tam-tams et guitares
des nombreuses églises évangéliques à l'entour,
se mèlent au chahut d'un bar proche... aux interpellations vindicatives
sous forme de plaisanterie,
et pratiquement chantantes, des passants qui se croisent...
« hé-héé, gué na kodoro-é... bouba-zo-hé!... »
J'en viens à me demander:
« Mais bon sang, quand dorment ils donc, ces gens! »
***
Pour anecdote:
J'ai découvert "Les mots étrangers" bouquin qui me fut offert
par une de mes soeurs, 100% munju, elle...
Roman de Vassilis Alexakis, un munju d'origine grecque,
qui au gré de sa passion pour les langues,
a choisi d'ajouter le sango (langue oubanguienne) à son panel.
Comme quoi!...
***
J'observe à mes pieds, la danse macabre de la vie et de la mort,
à laquelle se livrent les insectes.
Programmés pour s'entretuer, piller... se nourrir du corps de leurs victimes...
parfois de leur propre espèce.
Ballet incessant de commandos de fourmis, prompts à rapiner,
à se saisir de ceux ne pouvant se défendre, ni s'envoler,
par ce que faibles ou blessés.
Du haut de mon omnipotent pouvoir, il m'arrive tel un dieu tout puissant,
d'un simple balayage de tong, de bousculer le cours des destins
qui se trament à mes pieds.
Je m'en amuse un instant...
Quand soudain, une énième piqure sournoise m'indispose pour de bon!
Je me saisis rageusement de ma bombe tueuse aérosol,
et balance une giclée bien sentie sur ce microcosme, décidément trop agaçant!
Une petite prise de distance momentanée s'impose cependant,
afin de ne pas être moi même affecté par les émanations nocives
de ma bombinette...
Puis je m'en retourne à mon cigare et mes pensées bucoliques,
non sans avoir préalablement débarrassé d'un coup de balai,
moustiques, moucherons et autres insectes, qui maintenant jonchent le sol.
***
Le quartier village, avenue des manguiers, plonge brutalement
dans un noir d'encre.
Panne de secteur... délestage... les mots ne manquent pas!
C'est je le sais, le générateur de Boali qui ne cesse de faire des siennes...
Le ciel dévoile ses étoiles par enchantement,
comme pour un pied de nez à cette technologie défaillante.
Quelques cris étranglés... derniers éclats de rires qui se perdent
de loin en loin, sur le chemin des cases.
Tam-tams et chants se taisent sporadiquement...
J'allume ma lampe à batterie rechargeable, m'assure du vérouillage
de toutes les portes, et, direction dodo... ou du moins ce qui devrait l'être,
si la lourde chaleur et les raids vengeurs de quelques moustiques
ayant brisé la barrière de sécurité, m'en laisse le loisir.
Une autre journée de travail nous attend au Centre Pauline.
***
L'invasion des criquets.
Une plaie biblique?...
Biblique ou non, le moins que l'on puisse dire,
c'est qu'elle n'est pas la bien-venue!
Ne la qualifie -t- on pas de fléau?...
Le constat est toujours le même:
la gloutonnerie de ces petites bêtes est incommensurable...
En ordre de marche, systématiquement, leur horde barbare
vide tout, jusques aux greniers, mettant en coupe réglée,
les populations déjà faméliques.
Mais une fois la razia consommée, pour ne pas à leur tour crever de faim,
leur ultime alternative consistera à s'envoler pour un ailleurs.
... Et c'est du moins on l'imagine, le rêve que caresse
le paysan misérable, fataliste...
lequel lui, devra tout reconstruire, labourer et semer à nouveau,
en priant le ciel,
que la rage frénétique de destruction massive qui anime cette espèce,
ne la conduise dans un baroud final macabre, à débusquer et à engloutir
son dernier sac de semis, son ultime chance de survie!
Par altruisme, bien plus que par cruauté vengeresse...
entendons nous bien... Afin que soient protégées les populations frères,
qui pourraient au cours de leur nouveau périple,
pâtir elles aussi de leurs nuisances... le pauvre paysan
n'en viendrait il pas à souhaiter que cet envol vers l'ailleurs soit long!...
Un très très long survol d'une terre aride, sans eau, sans nourriture...
Et qu'enfin le soleil tel un feu divin...
le feu biblique... ne les consume tout entier...
Corps, pattes, ailes... et leurs armes mandibules voraces!
***
« Avec mes flèches et mon arc »
Le loup méchant s'est introduit, dans ma maison quand vint la nuit,
égorgeant moutons et brebis... A mort le loup, à mort l'impie!...
criaient les voisins...
Avec mes flèches et mon arc, je l'ai tué, je l'ai tué!
***
GLOBALIA
Afin de nous prémunir de ces nuisibles de tout poil,
devrons nous un jour prochain, en arriver à ce monde utopique, dépeint par
Jean-Christophe Rufin dans son roman "Globalia"...
lu il y a quelques années sur un matelas de plage à Royan.
Roman qui traite me semble -t- il, autant que je me le rappele,
d'une démocratie universelle, à la pensée unique, asseptisée,
et protégée sous d’énormes "bulles-dômes" à température
ou rythme de vie constants...
Tandis qu'à l'extérieur, les jungles ou zones dites de non droit,
seraient laissées à l'abandon aux mains de rebelles sans foi ni loi,
livrés à eux eux mêmes, privés de la technologie moderne...
et de fait, condamnés à retourner à l'état primitif.
***
L'ESPOIR
Non seulement ces nuisibles venus d'ailleurs ont écumé ma verdoyante aimée
Oubangui-Chari...
imposant à nos frères et soeurs humains, une torture répercutée en nos coeurs...
ils ont de plus globalement, infflué négativement, sur l'élan humaniste
des bienfaiteurs qui soutiennent les actions d'aide des associations,
et autres ONG, en direction des mal nutris, des mal soignés,
sans distinction d'appartenance ethnique ou confessionnelle...
Leur rendant les routes inaccessibles, voire périlleuses,
les détroussant, jusqu'à leurs trousses médicales de secours!...
***
Nous sommes révoltés!
Des mots, encore et toujours des mots me direz vous...
cataplasmes inutiles sur des jambes de bois?...
Mais que faire?
La capacité de s'indigner
n'est elle pas aussi une arme?...
Alors nous la brandissons!
***
D'interrogations en interrogations vaines,
nous avons essayé de comprendre le pourquoi,
le comment, de cette vague destructrice qui s'est abattue
sur des innocents sans défense, dans la quasi indifference,
voire l'abandon total de la communauté des Etats.
Nous en sommes arrivés à cette "conclusion lassitude"
Okey c'est bon, y a rien à comprendre...
du moins nous concernant, nous autres, pauvres quidams!
Silence.
Circulez, y a rien à voir!
Puis nous nous sommes ressaisis!
De nombreuses voix se sont levées d'un peu partout pour dire NON!
***
Pauline Femme Centrafricaine s'est battue quant à elle sur ses dossiers
et obtenu de ses AMIS, l'assurance qu'ils ne la lâchent point.
(pas tous, hélas, la réputation prédatrice des mal-faisants
en ayant réfrigéré quelques uns)
Ainsi donc, grâce à la fidélité de certains de nos AMIS DE PAULINE ,
nous sommes assurés de revenir très bientôt auprès de nos mamans,
à la continuation de notre action volontariste.
Merci au FONDS DE DOTATION *BIEN NOURRIR L'HOMME*
du Groupe SOPARIND - BONGRAIN
Merci au Conseil Général de la Dordogne
Merci à vous *AMIS DE PAULINE*