No -36- Ichame-Joseph-Marie KAMACH un « AMI DE PAULINE » nous a quitté. VD
Bonjour madame... (la bise à Marie-Noëlle)
Bonjour Georges... (une poignée de main franche)
Je vous offre un café?... Asseyez vous...
Que puis je pour vous?
Né à Damas dans une famille syrienne en 1942, il arrive en 1946
dans les bagages de son papa (engagé volontaire dans l'armée française)
et de sa maman, Fatime Younès, en Oubangui-Chari, à Berbérati,
où il sera élevé à l'école des soeurs catholiques.
Aide magasinier, puis chef de secteur chez Cattin,
qui lui reconnait des qualités indéniables,
il créera en 1964 à Berbérati avec l'aide de son patron, sa première entreprise:
une boulangerie.
Il épousera la centrafricaine Thérèse, qui lui donnera ses trois garçons:
Thierry, Yvon, et Eric.
En 1972, il rentre à Bangui où il rachette une Auto Ecole,
une Entreprise de Taxis, une Station Service
Son sens aigu des affaires fera le reste...
Il bâtira un empire!
IJM Kamach dans son bureau. (photos Georges Mouillac)
Courtoisie, politesse et... simplicité.
De notre première à notre dernière rencontre, le rituel est immuable...
Notre café est servi, odorant, épais, oriental, délicieux.
Joseph se fait apporter un petit en cas recouvert d'une serviette, et...
une noix de colas blanche
***
Depuis qu'il m'a entendu parler de maman Pauline et de mon projet en sa mémoire,
j'ai le sentiment qu'une complicité s'est invitée entre nous.
A moins que l'anecdote de papa Jacques, ce militaire français,
qui en me concevant avec Pauline dans ces années de guerre mondiale,
ne vienne lui rappeler quelques similitudes de parcours de vie...
Lui qui vivait aujourd'hui à Ngaragba, à quelques pas de la case familiale
de mon grand père Kadamé.
***
Je lui raconte nos difficultés... Il nous écoute, se confie à son tour...
avec bonhomie, humour, familiarité... Se lâche!
Il nous dira comme pour rebondir sur mes démélés familiaux...
mes coups de gueule avec la "tribu" de Ngaragba...
"Maman est malade... Au téléphone,
j'ai engueulé mes soeurs qui faisaient trop de bruit autour d'elle...
Tu comprends, Georges, c'est la culture orientale,
on parle fort, on crie... "
Le grésillement du téléphone ou du talki-walki vient l'interrompre.
Alors, le redoutable homme d'affaire apparait:
ordres clairs, précis!
toujours atténués par un mot gentil, agrémenté par une invocation à la bonté de Dieu...
Merci mon Dieu, je t'aime.
Puis il revient vers nous:
Quels soutiens avez vous reçus... Combien avez vous payé votre terrain...
Combien payez vous vos tôles?... Je le lui dis.
Il appelle un collaborateur et le sermonne!
"Tu vois, monsieur Mouillac ici présent, qui n'est à Bangui que
depuis peu, réussit à payer ses tôles bien moins cher que nous!"
***
Il nous accompagnera au Centre Pauline et s'arrêtera pour saluer la famille de Ngaragba.
Son fils Yvon nous fera par 2 fois, une donation en espèce,au nom du Groupe KAMACH
Lors de notre dernière entrevue il nous dira:
Je sens que la flamme vacille et que Dieu m'appelle
Et moi, un tantinet taquin: Joseph, tu es solide comme un roc!
Nous ne savions pas qu'il était gravement malade.
De retour à Bangui le 28 décembre, je me précipite quelques jours après à la DAMECA
Son fils Eric m'intercepte et me dit:
Papa est très fatigué, il faut qu'il se repose... Voit Yvon.
***
Rendant visite à mon cousin Jean-marie Kombaya à Ngaragba,
ce dernier pointe le doigt en direction de la maison de J. Kamach...
Savez vous que Joseph Kamach est décédé cette nuit?...
Nous sommes pétrifiés!
***
Plus d'un mois après son décès
Joseph Kamach a droit
à des obsèques nationales.
La famille venue de Damas, de France... Soeurs, neveux, petits enfants...
Son épouse Thérèse, ses fils Thierry, Eric, Yvon... recueillis, unis.
Nous sommes accueillis en proches de Ngaragba,
d'où démarrera le long cortège, qui traversera tout Bangui,
pour aboutir aux tribunes de l'immense avenue des martyrs.
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en présence du chef de l'Etat (François Bozizé, accompagné de son épouse Monique)
des représentants du corps consulaire et tout ce que Bangui compte de personnalités
Hommage des personnalités... Le couple présidentiel... L'ambassadeur de France
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Puis vient l'immense défilé au son de d eux fanfares, des représentants
des oeuvres caritatives soutenues par
le Groupe KAMACH: sociales - sanitaires - éducatives - sportives
C'est alors que nous mesurons la dimension
de ce grand bâtisseur...
parti de rien, ayant accédé à la tête d'un empire,
et qui mérite aujourd'hui,
l'hommage de la Nation reconnaissante.
Des préposées à la distribution de boissons fraîches...
afin de prévenir d'éventuels malaises dus à la chaleur.
Les élèves de l'école turque, boxeurs, tennismen... etc...
Nous nous retrouvons ensuite pour un office religieux,
à Kpalongo au mausolée qui abritera la dépouille de Joseph
Personnalités politiques, membres du gouvernement...
et simples quidams, venus des villages environnants,
pour un dernier salut à cet être d'exception
Les chants de la chorale de notre ami Josè Souza, Consul du Portugal, sont magnifiques.
Icham Joeph Marie KAMACH repose désormais à Kpalongo
dans cette dernière demeure que ses descendants ont voulu pour lui.
Sa modestie reconnue par tous en souffrira peut être,
mais nous savons aujourd'hui qu'il méritait bien tout cet honneur...
Et qu'importe les fastes que lui ont témoigné ceux qui le pleurent
Nous savons que son âme survolera avec bonheur,
les paysages enchantés de cette patrie qu'il a tant aimé
et qui lui aura tout donné en retour
Toutes photos: Georges Mouillac ***