No -02- Georges Mouillac na Pauline mama ti lo. (VD)
Le titre en Sango: GEORGES MOUILLAC ET PAULINE, SA MAMAN.
Un peu d'historique... ou résumé biographique...
pour mieux appréhender les motivations profondes
du fondateur de Pauline Femme Centrafricaine
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Georges MOUILLAC fondateur de Pauline Femme Centrafricaine
(Marié depuis 1969 à Marie Noëlle (née Tissier) dont il a eu deux garçons et deux filles)
Fin de la "tournée Promodep" à la terrasse de l'Excelsior à St Raphaël
est né à BANGUI au quartier NGARAGBA
de Pauline YANVEZO fille du chef ethnique Michel KADAME
et de Jacques MOUILLAC militaire français
en poste à la base KASSAÏ.
Papa Jacques et maman Pauline. ils étaient jeunes, il était beau, elle était belle...
Jeune homme en France, il avait rêvé d'aventures et d'Afrique ...
auprès de ses parents dans la propriété familiale à Barraud (Lougratte) Lot et Garonne
"Bon papa" Etienne Mouillac et "Bonne maman" née Germaine de Bienassis-de-Cauluson
(le petit Georges et maman Jo à Douala, le jour de sa communion solennelle.)
Catholique fervente, ma grand mère lointaine à qui j’écrivais très souvent,
m'offrit pour ma communion solennelle
en la cathédrale de Douala, une chainette agrémentée d'une
médaille de St Georges terrassant le dragon.
Souvenir tellement précieux... Qui hélas disparut... dès mon arrivée en France.
*
Avec la coloniale, l'Oubangui-Chari concrétisa ses rêves.
"Ce jour là j'ai eu la peur de ma vie", me raconta papa...
« le buffle blessé nous fonça droit dessus. À l'injonction de mon pisteur,
j'armai et tirai une deuxième balle... l'animal s'écroula à quelques
pas de nous. »
***
Puis, l'aventureux papa Jacques quitta maman Pauline, happé par l'armée:
la France, l'indochine, le Maroc, la vie...
***
Restée seule, à la naissance de leur enfant, maman Pauline le fit baptiser
à la mission St Paul, du prénom de ... Jacques... pour ne pas oublier.
Mais papa Jacques n'oublia jamais.
Ses frères et soeurs "moundjou" venant de perdre un frère adoré,
jeune journaliste à la « Revue des deux Mondes »
venu couvrir à Athènes un « Colloque de la Femme »
son frère Roger accompagné de son épouse Marie-Jo, vint récupérer l'enfant à Ngaragba
(ici, sur l'aéroport de Casablanca, en partance pour Bangui, via Douala )
et décida en accord avec papa Jacques, sans consultation de maman Pauline,
de lui attribuer le prénom du cher disparu:
Mon oncle Georges Mouillac en 1934...
Papa Roger et maman Jo en Belgique chez oncle Damien et tante Yette (née Mouillac)
**
le petit Jacques devint donc le petit Georges.
Ici à la pension des métis de Dschang (cerclé de rouge) dirigée par soeur Jeanne
(en cie de Charlot Thierry - Séverin Lebris - Gaston Juteau - Jeannot Boyer - Athéna Tsélépis Madeleine Sabatier etc..)
Au dos de cette photo qu'il envoya à papa Jacques, papa Roger écrivit ces mots...
J'adorais mes vacances à Dizangué!
Sur la route de Dschang...

Le petit Georges au marché de Dschang et Dizangué, à la chasse au canard
avec papa Roger et maman Marie-Jo. (née Reignier)
Couple privé d'enfant, ils se firent une joie de s'approprier
le rejeton de leur frère et beau-frère
en toute légalité par adoption devant le Tribunal - Juge de Paix - de Bangui,
avec la bénédiction du grand père, le chef Michel Kadamé, PATERFAMILIAS,
qui préféra, moyennant finances, que l'enfant fut élevé par sa famille « moundjou »
au grand dam de Pauline.
***
Je revois encore aujourd'hui mon grand père courant après le camion qui m'emportait...
Brandissant la poignée de billets de banque qu'il venait de recevoir
en échange de sa « trahison. »
Car, et çà, je ne l'ai su que très récemment, il avait fait éloigner maman Pauline
sur une petite île en face de notre village afin que celle ci n'assista point aux transactions ni à mon départ qu'elle aurait pu compromettre par ses cris stridents de protestation, seule et unique arme dont disposait la femme africaine...
et dont j'ai pu encore aujourd'hui en constater la redoutable efficacité!...
***
Après le douloureux décès accidentel de papa Roger et de maman Jo au Cameroun,
où il était scolarisé au collège Libermann de Douala et vivait heureux auprès d'eux,
le petit Georges s'envole pour la France,
où il retrouve enfin son vrai papa, papa Jacques... marié à une moundjou...
Il compris très vite que papa Jacques avait jusqu'alors occulté l'existence
de maman Pauline et de leur rejeton métis, à cette moundjou qui lui avait déjà donné...
hou la la, sept enfants!!!
Point d'angélisme:
Toute la famille « moundjou » fut soulagée de la reconnaissance de paternité
de papa Jacques, qui n'imposait plus selon elle, de prendre en compte
les droits d'héritage de ce petit métis adopté par leur frère Roger,
enfant qui soit dit en passant avait déjà eu beaucoup de chance...
et elle s'attribua tout, le spoliant de tout,
se justifiant par:
"De toute façon, nous n'avons jamais trouvé d'acte d'adoption"
Mauvaise foi qui de toute évidence pouvait être balayée par une simple
« enquête de notoriété » auprès de la communauté coloniale,
ou bien par papa Jacques lui même qui me déclara:
"Roger et Joe ne pouvant avoir d'enfant me firent part de leur intention
d'adopter un petit africain.
C'est alors que je leur fis part de ton existence: ... il en existe un à Bangui
et qui plus, est déjà de notre sang..."
Mais voilà, papa Jacques n'en fit rien,
victime sans doute de la pression familiale...
*
Et mon père un jour m'affirma sans détour :
« J'ai aussi pensé qu'autant d'argent t'aurait fait perdre la tête.
Il a mieux valut pour ton bien, que tu n'en hérites pas. »
Décidément, que n'a-t-on fait pour mon bien ! (sourires sourires sourires....)
*
Et le petit Georges devenu adulte, au mépris d'un hypothétique intérêt
matériel, supporta les heures parfois difficiles de la vie, se refusant à attenter
quoique ce soit pouvant affecter son père.
(et jusqu'à aujourd'hui encore longtemps après le décès de papa, je m'y cantonne.)
Point d'angélisme:
La maman « moundjou » et sa famille originelle souffrirent à la découverte
de cette vérité cachée:
Alors... Le petit Georges se vit contraint de subir une chape de plomb
quant à sa vérité identitaire... laquelle fut agrémentée sans vergogne,
d'une rocambolesque fable véhiculée par tous...
Celle d'un « enfant métis providentiellement recueilli » par un frère de papa Jacques, malencontreusement décédé en Afrique,
*que nous recueillions à notre tour par pure charité chrétienne*
Et ce, dans le but de satisfaire à la curiosité du milieu relationnel
de la famille, fait de « bien pensants » et « de gens comme il faut »
Ainsi que de gommer « Jacques & Pauline », une romance en terre africaine... Concrétisée par ce petit métis tellement vivant!
Parler de Bangui, de son fleuve Oubangui, des courses de pirogues, des manguiers,
des goyaviers, des bougainvilliers, des flamboyants...
Parler d'Afrique, de la saison des pluies et ses odeurs... de la saison sèche...
de soeur Jeanne, de ses petits camarades métis et de leurs jeux...
Parler des fêtes religieuses, des messes de minuit à Dschang...
Parler de sa vie auprès de Papa Roger et maman jo à Dizangué...
à Deïdo... quartier résidentiel de Douala
Et plus que tout, invoquer le souvenir de sa maman Pauline ...
TABOU... TA BOUCHE!!!
Rien ne devait plus rappeler la romance Africaine,
elle devait être occultée... ENTERRÉE À TOUT JAMAIS!
De ces codes familiaux d'intolérables interdits au paroxysme de la bêtise,
il en accepta la souffrance...
afin espérait-il, de ne point accabler son père, lequel en le reprenant auprès de lui,
l'assurait encore contre vents et marées, de l'attachement à la mémoire de sa vie africaine,
une part de sa vie d'homme...
Et seule comptait pour le petit Georges, cette vérité indéfectible
qui leur appartenait à tous deux.
***
Auprès de papa Roger et de maman Jo, il s'était accommodé de l'absence de Pauline,
mais le chagrin cette fois l’habita, se muant progressivement en souffrance,
puis en une sourde colère ...
qui retomba doucement, doucement, avec le temps...
Et peut-être bien, avec cette distanciation que d’aucuns nomment...
la sagesse de l'âge.
***
Puis vint cette force profonde, incontrôlée, qui exacerba son désir d'Oubangui-Chari,
sa soif de cette autre racine...
SA SOIF DE PAULINE !
Et il les revirent tous deux Pauline et sa terre natale
OUBANGUI-CHARI devenue RCA au cours d'un bref voyage
de nombreuses années plus tard en 1976, à l'invitation de la métisse
Ruth ROLLAND Ministre Centrafricaine de la condition féminine
sous l'Empereur Jean-Bedel- Bokassa,
et qui désirait se faire retrouver "les enfants métis de la colonisation"
et leurs mamans africaines restées au pays.
Décembre 1976 en Cie de quelques "petits cousins métis"
(maman Pauline en compagnie de Ruth Rolland, à Ngaragba
photographiées toutes deux par Georges Mouillac)
***
Elle me regarda, les yeux remplis d'orgueil et d'admiration,
et très paisiblement me dit ces mots:
*Tu es grand, tu es beau, tu as été bien nourri,
tu remercieras Jacques d'avoir bien pris soin de notre enfant*
Pas la moindre récrimination ni doléance personnelle...


Je rapportai ces mots à papa qui très simplement me dît:
*Tu sais , Georges, ta maman était une femme bien*
Puis il illustra cette affirmation par quelques anecdotes de vie commune.
(trop rares instants privilégiés)
***
La page Algérienne:
Appelé à servir la France sous les drapeaux de 1960 à 1962,
comme bon nombre de jeunes conscrits français de son âge...
D'autant qu'avec Papa Jacques, capitaine à la retraite,
il eut été in-envisageable d'y couper...

Les chansons de Harry Belafonte berçaient mes rêves de "quille"...
j'économisai 4 mois de solde pour m'offrir une guitare qui atténua la lassitude,
le questionnement quant à une présence incomprise...
Mais qui nous exposait à l'abréviation en pleine jeunesse d'une vie jusqu'alors faite
de copains de matches de foot et de flirts... extrêmement romantiques.
De patrouilles maritimes de nuits sans sommeil...
en détente agrémentée de guitare et de baignades le jour,
l'amitié se nouait entre jeunes venus d'horizons différents et qui tous comme moi
avaient rêvé que la marine nationale leur offrirait exclusivement, d'océans en océans,
des voyages mythiques autour du monde...
Plus de 20 années après le chanteur « Kadamé » écrira et composera « Jean Marie »
à la mémoire de ceux qui ne sont pas rentrés...
* j'enflammai ma guitare et criai l’amitié. Mais à oreille guerrière
voix de jazz est aphone*
puis « Le fils de Norédine »
*Pour que dorment dans la paix les derniers fils de Norédine*
à la mémoire des Harkis, (le sort honteux qui leur fut réservé l'ulcéra au plus profond)
et à la mémoire de tous les soldats africains tombés pour la France.
(L'association « jeunes pieds noirs » défenseur de la cause Harki,
présidée par Bernard Cole & Taouès Titraouï, l'invita à chanter « Le fils de Norédine »
lors d'une manifestation au « Pavillon Gabriel » sur les Champs Elysées.
Puis il la chanta encore et encore en concert et devant les stèles commémoratives...
Le Député de Dordogne François Roussel (aujoud'hui "Ami de Pauline")
à qui il offrit son album interpella le Président Jacques Chirac
sur cette page de notre histoire longtemps restée tabou .
J'ose croire très modestement que ma goutte d'eau contribua aussi
à la reconnaissance qui leur est aujourd'hui rendue par notre Nation...
Pour qu'enfin dorment dans la paix les derniers fils de Norédine!
***
Passionné de sport, Georges Mouillac qui s'entraîne sur le terrain militaire de Cherchell se présente lors de son unique permission, à Bordeaux,
au concours d'entrée au C.R.E.P.S.
Reçu et libéré des obligations militaires, il préparera sa future profession
successivement à « Lespinet »
Centre Régional d'Education Physique et Sportive de Toulouse "la ville rose",
qui le verra se produire en chanteur guitariste d'orchestre pendant les vacances,
en hiver à « La Plantation » et en été dans les bals des fêtes de la région,
se procurant à la fois du plaisir... et un très substantiel argent de poche.
Puis vint une année merveilleuse au C.R.E.P.S. de Boulouris/St Raphaël
où il découvrira la douceur et la beauté de la Provence Côte d'Azur...
(les mimosas fleuris sous la neige...)
région qui bercera par la suite la majeure partie de ses vacances familiales.
Son diplôme définitivement acquis lors du concours de classement
au CREPS de Strasbourg
Il postulera pour Paris ou sa Région, afin d’y exercer son métier de prof d’EPS.
De lycées parisiens et franciliens, et finalement en lycées de province
il s’adonnera parallèlement à son autre passion: la musique.
Admis au Petit Conservatoire de Mireille, il ne le fréquente pas longtemps...
Remarqué par Jean Garreto, il chantera en première partie de Barbara
au Studio 102 de la « Maison de la Radio »
Et se produira seul avec sa guitare sèche à « La locomotive »
du « Moulin Rouge » Chanteur atypique au milieu des Yé-Yé
et leurs guitares électriques.
À travers la musique, il va revendiquer et clamer haut et fort, ses origines métisses, en produisant des albums musicaux sous le pseudonyme de KADAMÉ... (nom de son grand père maternel)
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Albums:
« AFRICA-AFRICA » avec le titre phare Africa-Africa.
« Crache par terre ma mère » (dédié à Pauline)
InterLoisir Disc.
« LA NOUBA BANTOUE » (avec « Terre du Sahel » )
« INSPIRATION MÉTIS » avec « Go home Mulato » dédié à Jacques et Pauline.
« Le bébé de ma Doudou » dédié à Marie-Noëlle.
« MANDELA LIBERTAD » avec « Libertad » Hommage à Nelson Mandéla
En commémoration du cent cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage.
Et encore à la mémoire de Jacques et Pauline « Si toi m’aimer »
Wali femme indigène.
Produits par Georges Mouillac & Kadméléon sous le label « SangoDisc »
Avec l’aimable participation de
Bob Marques - Jean Claude Bruneau - Georges Lafon -
L’OARA - Les communes de Boulazac - Périgueux - Trélissac -
***
En artiste baladin sur le « Vieux Port » de St Raphaël pendant ses vacances d’été. Ou seul sur scène à la Locomotive du Moulin Rouge... à moins que ce ne soit à la Maison de la Radio, en première partie de Barbara... Il y a si longtemps!
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« CRACHE PAR TERRE MA MÈRE »
Ou comment du chagrin, de la souffrance et de la colère,
nait le désir de regarder ailleurs... D’y apporter un peu de bonheur...
Et peut-être de rattraper le passé... Dans l’apaisement.
À la disparition de son père, puis de sa mère, Georges Mouillac revient à Bangui,
accompagné de son épouse et de ses deux filles.
Au retour de ce bref séjour de 21 jours, il leur proposera de créer
« PAULINE FEMME CENTRAFRICAINE »
Pauline, à la mémoire de sa mère.
Femme en vertu de la foi qu’il a du devenir de l'Afrique
à travers l’émancipation de la femme.
***